Contrairement aux autres artistes américains des années 1950 et 1960 qui avaient promu « l’art du réel » (Robert Rauschenberg et Jasper Johns notamment), Keith plongeait lui dans le réel de façon tout à fait inconnue jusqu’alors, puisque cette immersion se voulait intégrale voire fusionnelle. Il voulait « être au monde». Inspiré par le graffiti et soucieux de toucher un large public, Haring commence à dessiner à la craie blanche sur des panneaux publicitaires noirs du métro de New York. Il grave également des dalles de grès des trottoirs dans l’East Village (elles sont toujours visibles).
Ses peintures font partie du mouvement général de l’art contemporain, et pas seulement de la stricte figuration libre. La « griffe Haring », c’est la répétition infinie de formes synthétiques soulignées de noir avec des couleurs vives, éclairantes, sur différents supports. C’est un récit permanent où l’on retrouve des bébés à quatre pattes, des dauphins, des postes de télévision, des chiens qui jappent, des serpents, des anges, des danseurs, des silhouettes androgynes, des soucoupes volantes, des pyramides ou des réveils en marche, mais aussi la sexualité et la pulsion de mort. Le monde autour de lui devient beau car il est à son image par la fraîcheur de la vérité et la sincérité de son art. Un art proche sans concession facile d’accès mais profond, simple pour les enfants et trop compliqué pour les adultes !